Joseph est un homme de 85 ans trés digne, trés posé. Il est à l hopital atteint d un cancer des poumons, en phase terminal disent les médecins.
Il est seul, pas question de rentrer chez lui. Qu est ce qu il y ferait d'ailleurs?
Mourir ici dans cette chambre d'hopital, avec ces deux patients qui ne cessent d hurler leur agonie, où le corps médical ne rentre plus que pour savoir si effectivement les quelques heures de vie se sont enfin achevées?
Ou accepter d aller dans ce mouroir que l on appelle joliment "soins palliatifs". C est un peu décentré de Paris, un peu à la campagne. Mourir dans un endroit buccolique pourquoi pas? Après tout la bas tout le monde sait pourquoi vous êtes rentrer et le spectre de la mort ne doit pas faire peur comme dans cette hôpital. Quoique on ne parle pas de mourant mais de fin de vie!!!
C est dans ce contexte et dans cet état d esprit que nous rencontrons Joseph pour la première fois. Nous lui expliquons notre travaille d accompagnement. Nous avons pour objectifs de soulager les douleurs physiques et de prendre en compte la souffrance psychique, sociale et voir même spirituelle. Comme l écrit Patrick Verspieren évoquée à ce propos : « Accompagner quelqu'un, ce n'est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction qu'il va prendre; mais c'est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de son pas. »
Joseph sourit. La douleur elle l a accompagné toute sa vie. La souffrance s est sa deuxième compagne depuis que son épouse l a quitté depuis deux décenies et que ces enfants vivent leur vie s en s inquiéter de la sienne. Même à Noel ou à son anniversaire on l oubli. ces petits enfants, ils ne souvient que de jolis bébés. Vous comprenez, "ils habitent loin et le vieux il n est pas toujours trés drôle". Alors la mort c est ce qu il attend depuis tant d'année qu il en a pas peur. Il est prêt.
Nous sentons chez Joseph une douleur totale. Il souffre d asthénie, il a du mal à respirer,d'escarres le tout enveloppé par une profonde tristesse et pourtant malgré ses propos il y a encore de la combativité celle de pire dignement sans bruit, sans gener personnes.
Peu à peu nous allons installer un climat de confiance. Joseph pourra nous parler e son vécu,de la peine éprouvée vis à vis de ses proches et de ceux-ci vis à vis de lui. Il nous parle du sens de sa vie. nous l aidons à partir en permettant de moins médicaliser sa mort.
Avant de partir en week-end, le médecin chef de cette unité, qui sait combien je me suis investie auprés de Joseph cette semaine me confie que je dois lui dire au revoir, "Cela m étonnerait qu il passe le week-end". Alors je me rends une nouvelle fois dans sa chambre se jour, feignant d avoir oublié de lui dire au revoir et il me sourit en me précisant que je n ai pas oublié mais qu il est content que je sois de nouveau passé et il me dit "Au revoir je vous attendrai c est promis".
En arrivant le lundi, le Dr X me demande d aller voir Joseph il m'attend. je suis un peu abassourdie mais il ne me laisse pas le temps de le questionner et m intime l ordre d'y aller rapidement.
En entrant dans la chambre ce lundi je vois Joseph qui me sourit, me prend la main avec difficulté et avec une voie éraillée il me murmure "Ah je vous attendais. Je voulais vous dire au revoir et merci".
Et dans un râle venu du plus profond de ce corps meutri, il est parti en souriant!!!