La psychomotricité intervient sur l’interface entre le corps et l’Esprit.
Le psychomotricien est un professionnel paramédical qui intervient sur prescription médicale.
Il effectue un examen neuropsychologique lors de la passation d’un bilan psychomoteur, évaluant tous les items psychocorporels présents dans notre corps.
Prenant en compte le patient dans sa globalité, le psychomotricien tente au travers de médiations corporelles à visée thérapeutique, d’amener son patient à s’exprimer, à connaître et à utiliser son corps, à comprendre et à agir de manière adaptée dans son environnement.
La psychomotricité peut être envisagée dans toutes sortes de situation. Voici les plus fréquentes.
- Chez le bébé
On retrouve principalement les retards d’acquisition psychomotrice (posture, marche, langage, préhension..), la nécessité de stimulation et d’éveil sensoriel, les troubles de la relation parents/bébé, les retards de développement suite à une grossesse, un accouchement difficile ou à une prématurité… etc.
- Chez l’enfant
Les enfants constituent la plus grande part du travail en cabinet libéral. On retrouve les cas de dysgraphie, dyspraxie, troubles de l’attention, troubles des apprentissages scolaires ou autre, hyperactivité, précocité, inhibition psychomotrice, troubles de la relation, troubles du comportement, TED, autisme, infirmité motrice cérébrale, handicap mental/moteur/intellectuel, troubles de la conscience corporelle, troubles de l’organisation spatio-temporelle, troubles de la régulation tonique, troubles psychiatriques… etc.
- Chez l’adulte
Les consultations sont plus fréquemment tournées sur la gestion du stress, amenant parfois les patients jusqu’au Burn Out. Nous pouvons également intervenir sur les angoisses de tout type. On retrouve également régulièrement les troubles du schéma corporel et de l’image du corps suite à une maladie, un accident, handicap mental/moteur/intellectuel…etc.
- Chez la personne âgée
La psychomotricité peut être utilisée en libéral comme en maison de retraite auprès des personnes atteintes de démence type Alzheimer ou autre, en perte d’autonomie motrice ou praxique (notamment des gestes du quotidien). Nous travaillons également la prévention du risque de chute, l’équilibre, la marche, la revalorisation de l’image corporelle et de l’estime de soi au cours du vieillissement, le repérage spatio-temporel, les angoisses… etc.
Le bilan psychomoteur correspond à l’examen neuropsychologique des capacités du patient. Il est systématiquement réalisé lors des premiers rendez-vous et s’effectue sur plusieurs séances. Il est réalisé suite à une prescription médicale et est nécessaire à l’élaboration du projet thérapeutique qui peut suivre.
Les domaines psychomoteurs explorés par le psychomotricien lors de ce bilan sont :
- Les capacités psychomotrices (coordinations, équilibres, motricité fine, écriture)
- Les fonctions cognitives en lien avec la motricité intentionnelle (visuo spatiales, attentionnelles, mnésiques et exécutives)
- La dominance latérale et l’orientation gauche/droite
- Les différentes dimensions du temps (la perception, l’estimation verbale, la reproduction temporelle, les liens de causalité, l’irréversibilité, …)
- Les repères, les connaissances de base, les perceptions spatiales, temporelles, corporelles
- Les communications non verbales
-  Les manifestations toniques
Différents exercices seront proposés au patient, évaluant chacun, un des items psychomoteurs. Parmi ceux-ci, on retrouve :
La cognition
Elle est observée par la compréhension des consignes, la mémoire, l’organisation et les méthodes choisies et mises en place lors des différents exercices du bilan
Le comportement
Il est évalué au cours de la passation du bilan et des différentes rencontres. Il donne un indice sur la manière qu’a le patient d’établir et d’investir ses relations.
Le tonus
Il correspond à la contraction inconsciente et involontaire de certains muscles du corps, qui nous permet le maintien de posture et d’attitude, ainsi que l’adaptation constante de celle-ci comme support de nos mouvements.
La motricité globale
On évalue ici l’équilibre, les capacités de coordinations et de dissociations des mouvements, la manière globale de se mouvoir dans un environnement.
L’espace
Le repérage, l’organisation, la structuration spatiale, l’orientation… sont quelques-unes des composantes de l’espace évaluées par le bilan. On observe la capacité du patient à se représenter son corps dans un espace, à situer un objet par rapport à un autre, à déplacer son point de vue…
Le temps
On s’intéresse ici à la manière de situer un évènement, une chronologie, une suite ou une durée, qui permette la compréhension du temps.
La motricité fine
Elle correspond à l’exécution de mouvements précis, impliquant seulement une partie du corps et dans un mouvement souvent rapide et de faible amplitude. Par exemple : l’écriture nécessite une posture et une régulation tonique assurées par le tonus, mais demande une capacité de motricité fine au niveau du poignet et des doigts pour la formation de lettre rapide et de bonne qualité.
La latéralité
Elle fait suite au processus de latéralisation. Lorsque la maturation neurologique se termine, l’enfant développe des facilités d’un côté ou de l’autre, désignant alors une main, un pied, un œil dominant.
L’image du corps
C’est la vision affective et émotionnelle que nous portons sur notre corps. Parfois cette image est erronée et négative, elle révèle l’estime et la conscience de soi.
Le schéma corporel
Il correspond à la connaissance du corps, à son fonctionnement, ses composantes, sa forme globale, ses possibilités…
Les praxies
Il en existe de nombreuses sortes. Elles correspondent à la coordination et adaptation de plusieurs mouvements ensemble, dans le but d’accomplir un geste.

Pathologie
La dyspraxie est un trouble de la coordination, de la programmation et de l'automatisation des gestes volontaires (praxies). Elle peut s'observer chez des enfants d’apparence ordinaire sans trouble moteur de type paralysie, dystonie (trouble du tonus qui affecte la motricité) ou malformation des membres ni maladie neuromusculaire (comme la myopathie de Duchenne) ou bien dans le cadre de lésions cérébrales comme chez les enfants souffrant d’une Infirmité Motrice Cérébrale (IMC). C’est un trouble inné qui va toucher le développement de l’enfant et qui n'est pas en lien avec son environnement social ou psychologique. C'est une particularité durable chez cet enfant.
Il existe plusieurs types de dyspraxies :
- La dyspraxie gestuelle : L'enfant manifeste des difficultés de manipulation, de saisie des objets et de reproduction de gestes.
- La dyspraxie visuo‐spatiale : L'enfant présente à la fois un trouble du geste, de la stratégie du regard et des difficultés dans la représentation spatiale. C'est la forme la plus couramment observée à l'école, car elle pose problème pour de nombreuses tâches scolaires (lecture, mathématiques, géométrie, organisation, etc.)
- La dyspraxie constructive : L'enfant est en difficulté pour assembler plusieurs éléments afin de former un tout. Il ne parvient pas à effectuer des activités telles que les puzzles, les jeux de construction. Elle est souvent associée à la dyspraxie visuo‐ spatiale.
- La dyspraxie de l'habillage (rarement isolée) : L'enfant ne parvient pas à s'habiller seul malgré les apprentissages. Il met ses vêtements à l'envers ou se trompe dans l'ordre de passation.
- La dyspraxie bucco‐faciale : Elle est rarement isolée. Lorsque c'est le cas, on la classe plutôt dans les troubles du langage de type dysphasie (dyspraxie verbale).
Chez les enfants qui ont des troubles du geste, elle s'observe plutôt en association avec une dyspraxie gestuelle ou visuo‐spatiale et se manifeste par des troubles de l'articulation, qui peuvent être d’importance variable. Dans certains cas, l'élève dyspraxique a d'autres difficultés qui s'ajoutent, mais ce n'est bien sûr pas systématique. Ces troubles peuvent concerner le langage oral, le langage écrit ou le calcul, mais aussi l’attention et la concentration. On observe souvent des troubles du regard qui peuvent poser problème pour la lecture (sauts de mots, de lettres, lecture d'une lettre, d'une syllabe deux fois) et pour les mathématiques (dénombrement difficile).
Les dysgraphies sont des anomalies constantes, importantes, durables, de la fonction graphique scripturale se manifestant au niveau des composantes spatiales de l’écriture, alors que les structures morphosyntaxiques ne sont pas touchées.
Elle peut porter sur les contraintes morpho-cinétiques :
-  taille de l’écriture
-  forme des lettres indifférenciées, incertaines, atrophiées, retouchées, anguleuses, …
-  lettres en miroir
sur les contraintes topo-cinétiques :
- l’espacement entre les lettres d’un mot
- l’espacement entre les mots
- écriture ondulante, pas dans les lignes…
ou sur la vitesse d’inscription.
Selon le type, il en résulte une mauvaise utilisation de la page, des maladresses dans le tracé, des erreurs de formes et/ou de proportions des lettres, des espaces, une lenteur excessive, des changements de direction et/ou de taille de lettres. Mais aussi une fatigabilité importante et des douleurs dans le bras, la main ou les doigts, parfois même dans le dos, la nuque ou les jambes.
Le neuropsychiatre Ajuriaguerra a défini cinq grands groupes d’atteintes, qui décrivent la trace écrite :
- les dysgraphies molles
- les dysgraphies impulsives
- les dysgraphies maladroites
- les dysgraphies raides
- les dysgraphies lentes et précises.
On identifie plusieurs étiologies à la dysgraphie, qui peuvent se combiner entre elles.
- Spatiale
- Praxique
- Exécutive
- Réactionnelle, liée au refus scolaire, au refus social, à des problèmes affectifs

La psychomotricité permet de pallier aux difficultés graphomotrices par un travail portant sur les différentes composantes impliquées : posture, régulation tonique, latéralité, orientation gauche/droite, traitement visuo-spatial, renforcement musculaire et déliement digital, graphisme, …, à travers des exercices ludiques et variés.
La graphomotricité est la psychomotricité appliquée à l’acte d’écriture. Elle ne correspond cependant pas seulement à l’écriture mais à tout ce qui entre en compte dans l’acte graphique et dans ce qu’il représente, notamment dans sa fonction de communication. La réalisation graphique nécessite alors différentes capacités psychomotrices qui peuvent être travaillées en séance.
Celles-ci peuvent être :
- Motrices : on retrouve différents mouvements à coordonner tels que la translation du coude, la rotation du poignet, la motricité fine (manuelle et digitale)… etc.
- Toniques : le tonus permet la prise d’une posture adéquate, la régulation tonique permet un ajustement de la force, de la pression et des contractions musculaires afin d’éviter fatigabilité musculaire, et douleurs…etc.
- De repérage spatial : une mauvaise organisation spatiale empêche la réalisation correcte de proportion des lettres ainsi que leur bon placement sur un support…etc.
- Intellectuelles : le patient (notamment l’enfant) doit avoir acquis le stade du symbolisme, lui permettant de dissocier une idée ou une action de sa représentation, et doit investir le langage oral afin d’utiliser le langage écrit…
- Affectif et émotionnel : le patient doit pouvoir et surtout vouloir admettre la trace qu’il est en capacité de créer par le graphisme.
- Beaucoup d’autres causes peuvent expliquer un trouble graphique…
Dans le cas d’un trouble graphique, le psychomotricien doit déterminer la ou les causes de ces difficultés, afin de rééduquer le geste graphique. Grâce aux médiations, le patient est amené à travailler ces différents items de manière détournée, dans le but de le réconcilier avec l’apprentissage et l’utilisation de l’écriture, tout en le familiarisant avec toutes ces composantes. Le psychomotricien est en mesure de diagnostiquer une dysgraphie, et d’aider l’enfant à travers ces pratiques et selon son âge, à définir sa latéralité.
La dystonie
La dystonie se caractérise par des contractions anormales et inadaptées d’un ou plusieurs muscles au cours d’un mouvement (crampe professionnelle par exemple) ou dans le maintien d’une posture. Ce phénomène peut s’accompagner d’une série de spasmes engendrés par une série de contractures (ce qui le différencie de la paralysie).
Elle peut être le symptôme d’une pathologie post-traumatique, d’une lésion au niveau des ganglions de la base (pallidum interne), d’une maladie neurologique héréditaire ou acquise. Elle peut également être causée par les médicaments ou les toxiques.
La dystonie entraîne une hypertrophie des masses musculaires.
Tant que la maladie est récente et pas stable, la toxine botulique peut s’avérer un traitement efficace. Sinon, un recours à la chirurgie peut soulager ce syndrome.
La dystonie s’estompe avec le sommeil. Elle est aussi sensible aux émotions, à la fatigue, au stress…
Il existe différents types de dystonies :
- D’attitude (torticolis, lordoses, scolioses, …) : il s’agit alors d’une instabilité posturale avec déflexions majeures (état d’un membre qui n’est pas fléchi) en flexion ou extension.
- D’action / de fonction (crampe de l’écrivain…) : l’extension est exécutée au prix d’un effort démesuré
 * Focales /segmentaires / généralisées
*  Permanentes / intermittentes
On distingue:
1/Les dystonies primaires :
- torticolis spasmodique (antero/latero/retro-colis), qui touche plus les femmes que les hommes
- Blépharospasme (visage), qui touche souvent les femmes à partir de 50 ans
- or mandibulaire
- pharyngée, contraction anormale des cordes vocales, et altérant la voix (par exemple dans le syndrome Gilles de la Tourette)
2/ Les dystonies secondaires, liées à une cause  telle que vue plus haut : génétique, neuroleptique, trauma crânien, anoxie, AVC, dystonie de fonction, maladie de Parkinson
Les fonctions exécutives
Essentielles à l’adaptation du sujet à son environnement, elles désignent un ensemble de processus mentaux nécessaire à l’élaboration d’une action volontaire non familière.
- de bas niveau : attention (soutenue, sélective, partagée), mémoire de travail, inhibition (vers 7 ans)
- de haut niveau : planification, raisonnement, flexibilité (vers 12 ans), conceptualisation (vers 12 ans). 
Les troubles psychomoteurs
Les troubles psychomoteurs se manifestent dans la façon dont le sujet est engagé dans l’action et dans sa relation.
- Neuro-développementaux, perceptivo-moteurs, affectifs, ils affectent son adaptation à l’environnement
- Situationnels et discrets
- Touchant l’exploration (perception), l’action, la communication, les émotions
- Avec ou sans complexe psychopathologique. 

Un bilan est nécessaire :
- Pour mesurer les aspects qualitatifs et quantitatifs des perceptions, représentations, actions.
- Pour poser un diagnostic psychomoteur et établir un projet de soin en lien avec les examens des autres professionnels
- Pour établir un compte-rendu informatif enrichi de conseils éducatifs, de propositions d’examens complémentaires, ou d’un nouvel examen
- Comme outil de prévention
La Déficience Intellectuelle (DI), ou Retard Mental (RM)
L’OMS définit 4 catégories de retard mental (RM) :
- RM léger : QI entre 50 et 69 (85% des RM)
- RM moyen : QI entre 35 et 49 (10% des RM)
- RM grave : QI entre 20 et 34 (3%)
- RM profond : QI inférieur à 20 (2%)
1. Critères diagnostics:
- Un Quotient Intellectuel (QI)  <= 70 (la normale se situant entre 90 et 109 → 50 % pop)
- Un déficit du comportement adaptatif
- des manifestations avant l’âge adulte
Il convient de tenir compte également :
- du niveau moteur,
- du comportement dans la vie quotidienne,
- de la capacité de raisonnement et d’apprentissage,
- de la relation à l’environnement,
- des fonctions instrumentales.
2. Étiologie
La DI se modèle de manière progressive et multifactorielle. Ainsi, l’étiologie reste mal déterminée dans 75 % des retards légers (car souvent indéterminée).
- Maladies génétiques :Elles constituent 25 % des causes de DI Parmi elle, la Trisomie 21, est la 1ere cause. Ou encore la sclérose tubéreuse

La Séance
La première rencontre est très importante. Il est nécessaire qu’une confiance mutuelle se mette en place et que l’enfant, l’adulte se sente à l’aise et pris entre de bonnes mains pour que le suivi se passe de la meilleure des manières.
Il me paraît nécessaire de rappeler que la priorité va se trouver dans la relation que le patient (et parfois sa famille) et son thérapeute parviennent à établir. N’hésitez pas à nous parler de vos éventuels doutes ou craintes à ce sujet.
Il nous est impossible de prévoir le temps nécessaire de ces prises en charge. Celles-ci dépendent des raisons de la consultation, mais également et surtout du rythme d’évolution du patient. Ainsi ces suivis peuvent s’étaler sur quelques séances seulement ou aller jusqu’à plusieurs années.
Les séances que nous proposons peuvent s’effectuer sur 30 ou 45 minutes. Cela dépend des capacités de concentration et de fatigabilité du patient. Dans certains cas, par exemple pour les troubles de l’attention, le projet thérapeutique peut débuter sur des séances de 30 et augmenter jusque 45 minutes selon l’évolution du patient.
Au cours de ces séances nous utilisons plusieurs types de médiations. L’utilisation de médiations corporelles est une des spécificités de la psychomotricité, et est indispensable à la thérapie psychomotrice pour plusieurs raisons. Tout d’abord elles permettent au psychomotricien de voir son patient évoluer dans une discipline, ce qui lui permet par une lecture du corps de comprendre et d’étudier les difficultés présentes. D’autres part, la médiation compose l’aspect ludique de notre métier à l’origine de l’envie et de l’investissement des patients à travailler sur leur troubles. Le psychomotricien doit donc faire preuve d’adaptation constante et  doit savoir mettre en place un suivi thérapeutique suffisamment stimulant et porteur d’intérêt pour son patient, afin que l’investissement de celui-ci permette les évolutions souhaitées.
Les médiations utilisées peuvent être :
- les ateliers de détente (relaxation, touché thérapeutique, balnéothérapie…)
- l’expression corporelle (théâtre, mime, danse, création artistique…)
- le jeu spontané et/ou symbolique
- les ateliers sensoriels
- les ateliers moteurs (jeux de balles, parcours moteurs, travail des coordinations/dissociations et équilibre)
- les ateliers de repérage spatio-temporels (musique, orientation…) etc
Et bien d’autres !Globalement, les possibilités sont infinies et dépendent de notre créativité !
Je me déplace sur Jérusalem.
Les suivis à domicile sont à envisager lorsque le patient n’est pas en capacité, pour divers raisons, de se déplacer jusqu’au cabinet, ou lorsqu’ils ont un intérêt particulier. Par exemple : une prise en charge en psychomotricité auprès de personnes âgées pour prévenir un éventuel risque de chute est plus cohérente à domicile, là où ces chutes pourraient survenir.